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NOV 2024 | Cycle de conférences : "Mémoires de pierres. La construction du paysage mémoriel dans l’Orient romain tardo-antique (IVe-VIe s.)" - Aude Busine
Publié le 14 octobre 2024
– Mis à jour le 21 octobre 2024
Ce mois de novembre 2024, en tant que Directrice d'études invitée à l'EPHE, Aude Busine, membre de sociAMM et antiquiste, donnera un cycle de conférences intitulé : "Mémoires de pierres. La construction du paysage mémoriel dans l’Orient romain tardo-antique (IVe-VIe siècles)". Programme et présentation des conférences ci-dessous :
Dans les provinces orientales de l’Empire romain, le paysage des cités grecques va connaître des bouleversements importants. Ces derniers résultent, d’une part, des nouvelles politiques évergétiques locales dues à la centralisation administrative dans la nouvelle capitale et aux conséquences économiques de cette dernière sur les cités. D’autre part, ils sont la conséquence du développement du christianisme, avec l’instauration de nouveaux lieux de culte et de nouveaux usages de la ville. Sous l’impulsion de la politique anti-païenne des empereurs et des dignitaires locaux, les cités ont en effet vu la fermeture, l’abandon ou la réaffection des temples, bâtiments emblématiques du culte païen ainsi que la construction de nouveaux lieux de culte adaptés à la pratique de la nouvelle religion (églises, martyria, cimetières). De nombreuses études ont tenté de comprendre, mesurer et cartographier ces changements sur le terrain. Plus récemment, les chercheurs se sont aussi intéressés, au-delà de la réalité concrète du paysage urbain, à la charge symbolique attribuée à ces changements. Il s’agira dans le cadre des quatre conférences d’interroger les dimensions imaginaires de la modification du paysage des cités en étudiant les différents discours élaborés à partir la réalité matérielle. Les pierres, bâtiments encore debout ou en ruine, inscriptions et statues, deviennent ainsi le prétexte à l’élaboration d’un paysage mémoriel, ancré dans l’histoire et la culture d’un monde en pleine mutation dans lequel le christianisme se développe et finit par s’imposer.
I - La moralisation de l’espace civique - 13 novembre 2024
Cette première conférence propose d’étudier la façon dont certains auteurs chrétiens ont tenté d’attribuer des valeurs morales à des bâtiments et espaces publics. Dans la bouche de certains homélistes, comme Jean Chrysostome, le paysage traditionnel de la cité païenne était constitué de lieux susceptibles de corrompre les bons chrétiens. Parallèlement, d’autres éléments du paysage urbain se sont vus attribuer des vertus jugées dignes du genre de vie chrétien. La conférence proposera l’analyse de dossiers issus de régions différentes de l’Empire, en l’occurrence à Antioche-sur-l’Oronte et Césarée de Cappadoce.
II - La colonisation du passé mythique - 20 novembre 2024
Cette deuxième conférence portera sur les tentatives des auteurs chrétiens de coloniser le passé mythique, par l’élaboration de récits mettant en scène des éléments du paysage urbain, comme les temples et les églises. La conférence abordera notamment la façon dont les Chrétiens ont adapté les traditions mythologiques classiques dans les chroniques universelles chrétiennes, genre littéraire créé par Eusèbe de Césarée et dont la Chronographie attribuée Jean Malalas est un témoin privilégié.
III - La christianisation de la cité païenne - 28 novembre 2024
Implantée dans les cités gréco-romaines traditionnelles, l’Église a maintenu, récupéré et adapté les modes de fonctionnement civique. Elle a aussi repris, en les adaptant au nouveau contexte politique et religieux, les discours propres à la paideia. Il s’agira dans cette troisième conférence de mettre en lumière les stratégies mises en place pour donner un nouveau sens chrétien à des bâtiments et inscriptions. En récupérant à leur propre compte les outils de la rhétorique classique, les Pères de l’église se sont emparés des codes de l’éloge de la cité (encômion poleôs) pour élaborer une nouvelle forme de cité, qui pouvait s’intégrer dans l’Empire tout en répondant aux exigences morales et religieuses du christianisme.
IV - La paganisation de la cité chrétienne - 5 décembre 2024
Enfin, cette quatrième conférence poursuivra l’enquête en analysant la façon dont les chrétiens, dans un monde où les cultes traditionnels avaient disparu, ont resémantisé certains éléments du paysage urbain en leur attribuant une identité et une histoire païennes dont ils étaient à l’origine dépourvus. L’analyse étiologique des récits de passions de martyrs permettra, notamment, de comprendre comment, en plein VIe siècle, le paysage urbain servit la construction d’une histoire païenne locale à la gloire de l’Eglise conquérante.
Mémoires de pierres. La construction du paysage mémoriel dans l’Orient romain tardo-antique (IVe-VIe siècles).
Dans les provinces orientales de l’Empire romain, le paysage des cités grecques va connaître des bouleversements importants. Ces derniers résultent, d’une part, des nouvelles politiques évergétiques locales dues à la centralisation administrative dans la nouvelle capitale et aux conséquences économiques de cette dernière sur les cités. D’autre part, ils sont la conséquence du développement du christianisme, avec l’instauration de nouveaux lieux de culte et de nouveaux usages de la ville. Sous l’impulsion de la politique anti-païenne des empereurs et des dignitaires locaux, les cités ont en effet vu la fermeture, l’abandon ou la réaffection des temples, bâtiments emblématiques du culte païen ainsi que la construction de nouveaux lieux de culte adaptés à la pratique de la nouvelle religion (églises, martyria, cimetières). De nombreuses études ont tenté de comprendre, mesurer et cartographier ces changements sur le terrain. Plus récemment, les chercheurs se sont aussi intéressés, au-delà de la réalité concrète du paysage urbain, à la charge symbolique attribuée à ces changements. Il s’agira dans le cadre des quatre conférences d’interroger les dimensions imaginaires de la modification du paysage des cités en étudiant les différents discours élaborés à partir la réalité matérielle. Les pierres, bâtiments encore debout ou en ruine, inscriptions et statues, deviennent ainsi le prétexte à l’élaboration d’un paysage mémoriel, ancré dans l’histoire et la culture d’un monde en pleine mutation dans lequel le christianisme se développe et finit par s’imposer.I - La moralisation de l’espace civique - 13 novembre 2024
Cette première conférence propose d’étudier la façon dont certains auteurs chrétiens ont tenté d’attribuer des valeurs morales à des bâtiments et espaces publics. Dans la bouche de certains homélistes, comme Jean Chrysostome, le paysage traditionnel de la cité païenne était constitué de lieux susceptibles de corrompre les bons chrétiens. Parallèlement, d’autres éléments du paysage urbain se sont vus attribuer des vertus jugées dignes du genre de vie chrétien. La conférence proposera l’analyse de dossiers issus de régions différentes de l’Empire, en l’occurrence à Antioche-sur-l’Oronte et Césarée de Cappadoce.
II - La colonisation du passé mythique - 20 novembre 2024
Cette deuxième conférence portera sur les tentatives des auteurs chrétiens de coloniser le passé mythique, par l’élaboration de récits mettant en scène des éléments du paysage urbain, comme les temples et les églises. La conférence abordera notamment la façon dont les Chrétiens ont adapté les traditions mythologiques classiques dans les chroniques universelles chrétiennes, genre littéraire créé par Eusèbe de Césarée et dont la Chronographie attribuée Jean Malalas est un témoin privilégié.
III - La christianisation de la cité païenne - 28 novembre 2024
Implantée dans les cités gréco-romaines traditionnelles, l’Église a maintenu, récupéré et adapté les modes de fonctionnement civique. Elle a aussi repris, en les adaptant au nouveau contexte politique et religieux, les discours propres à la paideia. Il s’agira dans cette troisième conférence de mettre en lumière les stratégies mises en place pour donner un nouveau sens chrétien à des bâtiments et inscriptions. En récupérant à leur propre compte les outils de la rhétorique classique, les Pères de l’église se sont emparés des codes de l’éloge de la cité (encômion poleôs) pour élaborer une nouvelle forme de cité, qui pouvait s’intégrer dans l’Empire tout en répondant aux exigences morales et religieuses du christianisme.
IV - La paganisation de la cité chrétienne - 5 décembre 2024
Enfin, cette quatrième conférence poursuivra l’enquête en analysant la façon dont les chrétiens, dans un monde où les cultes traditionnels avaient disparu, ont resémantisé certains éléments du paysage urbain en leur attribuant une identité et une histoire païennes dont ils étaient à l’origine dépourvus. L’analyse étiologique des récits de passions de martyrs permettra, notamment, de comprendre comment, en plein VIe siècle, le paysage urbain servit la construction d’une histoire païenne locale à la gloire de l’Eglise conquérante.
Date(s)
le 14 octobre 2024